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Quelques réflexions sur l'économie politique ou la politique économique

Publié le 26 Septembre 2014

VERS UNE NOUVELLE POLITIQUE D'ENDIGUEMENT

La géopolitique est éminemment difficile à décrypter, les décisions étant par définition tenues secrètes même si les autorités américaines sont souvent moins avares en matière de diffusion d’information qu’on voudrait le penser. La géopolitique est complexe car elle implique les interventions de différentes forces, de différents pays, de différents blocs. Elle est aussi compliquée car ses objectifs peuvent varier dans le temps et suivant les couleurs politiques des gouvernements en poste qui peuvent changer relativement rapidement.

La Russie (ex URSS) s’est souvent plainte de la politique de « containment » ou d’endiguement que les Etats Unis et avant elle la Grande Bretagne mettaient en œuvre contre elle. La Russie est, pour reprendre les termes de Mackinder une puissance terrestre, les Etats Unis étant une puissance maritime. Depuis des siècles, la Russie essaye d’atteindre les mers du Sud afin de pouvoir se dégager. Ce n’est pas sans raison que sur ces dernières décennies, un très grand nombre de conflits ont eu lieu entre ses frontières sud et l’Océan Indien. L’Afghanistan, l’Irak ont fait l’objet de nombreuses invasions et renversements de pouvoirs sur ces 30 dernières années. Aujourd’hui, en l’espace d’à peine 15 ans, les Etats Unis sont rentrés en conflit pour une troisième fois avec ce dernier pays. Chaque fois, ses autorités ont trouvé une bonne raison pour aller s’immiscer dans les affaires de ce pays. En 1991, après avoir laissé croire à Saddam Hussein qu’il avait le champ libre pour envahir le Koweït, ils ont saisi cette occasion pour intervenir, prenant garde cependant de ne pas détruire le régime Baas. En 2003, quelque mois après les évènements du 11 septembre 2001, Colin Powell a été obligé de se parjurer déclarant que le Pentagone détenait la preuve de la présence d’armes de destructions massives dans ce même pays. On sait que l’Histoire lui a donné tort. A l’heure actuelle, sous prétexte qu’une bande de fanatiques est en train de commettre des exactions imprescriptibles, les Etats Unis ont réuni une coalition d’alliés pour aller porter une nouvelle fois le fer et le feu dans cette région. Pas seulement en Irak, mais aussi en Syrie et certains de ses alliés, à savoir l’Egypte et l’Arabie Saoudite, se sont déjà essayés à quelques frappes dans une seconde guerre en Lybie. Les conflits ont marqués presque toutes les époques, de César à Louis XIV, mais ce qui est aujourd’hui extraordinaire c’est la multiplication de ceux-ci. Nous en avons déjà cité trois mais il y a peu il y avait le conflit israélo-palestinien, l’intervention française au Mali et bon nombre de pays sont en situation de guerre larvée en Afrique et dans le Caucase. Un autre fait quelque peu exceptionnel est qu’un autre (encore un) conflit prend place aux frontières de l’Europe, en Ukraine. Dégager de ce conflit les raisons et mobiles est aussi difficile mais il convient de souligner que l’Ukraine a une situation géographique particulière. Non seulement son territoire est entre la Russie et l’Europe mais c’est aussi par là que transite une grande partie des ressources énergétiques russes à destination de l’Europe. Il n’a échappé à l’attention de personne que cette composante énergétique se retrouve dans pratiquement tous les conflits précités. L’Irak possède du pétrole, tout comme la Lybie et on l’a appris également les eaux au large de Gaza. L’Afrique est aussi une terre extrêmement riche en matières premières. Une grande partie de l’uranium provient ainsi du Congo où la situation est tout sauf stable, il en est de même au Nigeria qui défraye l’actualité avec sa secte Boko Haram où l’on retrouve beaucoup de pétrole. Un évènement majeur s’est déroulé ces quelques dernières années : pour la première fois depuis 30 ans, les Etats Unis ont retrouvé leur indépendance en matière énergétique. Le gaz et le pétrole de schiste qui y ont été trouvés en quantité leur permet de pouvoir envisager leur politique étrangère de manière différente. Des terminaux de LPG sont construits sur ses côtes et ils n’attendent plus qu’une autorisation du Congrès pour pouvoir l’exporter. Tous les conflits précités bordent l’Europe à une distance plus ou moins grande et ont lieu dans des endroits de passage ou de production des matières énergétiques nécessaires à sa survie. Outre les conflits armés, les évolutions politiques ont amené l’Europe à se fâcher avec la Russie, comme déjà énoncé l’un des principaux fournisseurs de gaz de cette dernière. Tout récemment et pour la première fois depuis les évènements de 1991 où le FIS avait failli prendre le pouvoir, c’est de l’Algérie dont on reparle suite à l’enlèvement et la décapitation d’un guide de montagne français. L’Algérie est le second fournisseur de gaz à l’Europe. Nos relations en termes de politiques étrangères ne se sont sans doute jamais aussi mal portées et nous voilà aujourd’hui, Belgique y compris, entraînés dans une nouvelle guerre, entourés d’ennemis tant à l’Est qu’au Sud comme si nous nous étions enfermés de notre propre chef alors qu’au contraire de la Russie des tsars le monde nous était ouvert. Ne nous nous serions pas endigués nous-mêmes ? Ou nous y aurions nous été aidés ?

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