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Quelques réflexions sur l'économie politique ou la politique économique

Publié le 18 Septembre 2014

ECOSSE – EUROPE: 1 - 0

Le premier fait saillant de ce referendum est son taux de participation qui devrait excéder les 80% alors que pour une élection européenne le taux d’abstention excède les 60%. N’y aurait il pas de peuple européen ? Les liens de proximité semblent encore avoir la primauté. Est-ce que par ce vote l’Ecosse ne cherche à s’autonomiser que de la Grande Bretagne ou aussi de l’Union Européenne ? En tout cas Barosso a été clair, si le « oui » devait l’emporter l’Ecosse ne deviendrait pas automatiquement membre de l’Union Européenne. Ceux qui croyaient en l’Europe des régions en seront pour leur frais. L’Union Européenne a une vision qui lui est propre de ce que devrait être une Europe des régions, des régions qui tout en restant obéissantes réduisent l’emprise de l’Etat Nation, ennemi de cette super Fédération des Etats Unis d’Europe, des régions qui aide l’Union Européenne à spolier les derniers pouvoirs souverains de l’Etat comme la 6ème réforme de l’Etat en Belgique l’a permis. Si possible avec des régions faibles ou insuffisamment financées qui doivent faire appel soit à l’aide de l’Union Européenne soit procéder à la privatisation des quelques services publics dont elles ont hérité des compétences mais dont elles ne sauraient assumer financièrement la charge mais en tout cas pas de régions autonomes. Mot banni du lexique de la doxa unioneuropéanniste. Une légère décentralisation passe mais une indépendance serait anarchique remettrait en question le projet européen tout entier et c’est pourquoi tant de voix se sont élevées contre le « Oui ». De David Bowie qui bien qu’il ait chanté « Heroes » n’en a pas la carrure à la Reine d’Angleterre alors que pourtant les Ecossais ne compte pas la répudier. Des économistes comme Krugman ont mis en garde contre les errements d’une Ecosse esseulée affirmant de façon péremptoire qu’une économie de petite taille était forcément instable et plus vulnérable. Il oublie la Suisse certains diront que c’est un paradis fiscal, il oublie aussi la Norvège qui ne se porte pas si mal même si certains diront que c’est grâce à ses réserves pétrolières, il oublie l’Islande dont le PNB a crû de 12,12 milliards $ en 2009 à 14,63 milliards $ en 2013, un des rares pays « européens » à avoir enregistré un taux de croissance positif. Mais il oublie aussi l’Histoire dont l’étude lui aurait rappelé que la Paraguay au XIXème siècle qui avait mis une place une politique protectionniste et égalitaire lui permettant d’éradiquer la pauvreté a réussi à avoir une balance commerciale excédentaire et un endettement nul avant que la Couronne britannique mette fin à cette indépendance. Des banques ont aussi élevé le ton afin de condamner cette initiative indépendantiste dont la Royal Bank of Scotland, qui a dû être nationalisée après la crise financière, et menace de quitter l’Ecosse et le FMI a tiré la sonnette d’alarme. Des sociétés pétrolières comme BP et Shell ont confirmé tout récemment que les ressources en pétrole aux larges des côtes écossaises seraient épuisées en 2025 alors que l’Université d’Aberdeen expliquait en 2012 qu’une indépendance de l’Ecosse lui permettrait si l’on divisait les eaux selon une ligne médiane qui est déjà utilisée pour définir les zones de pêches d’avoir accès à 96% de la production annuelle de pétrole et à 47% de la production annelle de gaz en Mer du Nord. George Soros a même énoncé que c’était le pire moment pour que l’Ecosse accède à l’indépendance. David Cameron lui aussi met en garde alors qu’il a pourtant promis un referendum quant à une sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne en 2017. De quoi toutes ces instances officielles ou corporate ont-elles vraiment peur ? De laisser percer à jour qu’un autre modèle économique et politique est possible ? Que cela donne des idées à d’autres régions en Europe comme la Catalogne où le gouvernement régional à appeler à un referendum en date du 9 novembre. Etonnamment, la Flandre de Bart De Wever semble s’inquiéter d’un vote positif. La configuration politique n’est effectivement pas la même. En Flandre, ce sont des mouvements de droite qui ont la main alors qu’en Ecosse il s’agit de la gauche. La NVA est cette fois à la manœuvre non plus seulement au niveau régional mais au niveau fédéral, elle n’a donc plus aucune raison de chercher l’indépendance. Elle tente de mettre en œuvre au niveau belge une politique d'inspiration thatchérienne, tandis que le SNP écossais prône l'indépendance pour s'en écarter. Au Parlement européen, la N-VA s'est d'ailleurs éloignée des Écossais pour rejoindre les Conservateurs du Premier ministre britannique David Cameron. La Flandre a aussi obtenu ces dernières décennies bien plus de compétences que l'Écosse. Espérons que les Ecossais votent « oui » et qu’on leur laisse démontrer qu’un autre modèle économique et politique est préférable au corsetage que nous a jusqu’à aujourd’hui offert une Union Européenne castratrice et contre productive.

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